Enlarge the image
Jérémie Mion © Jacques Basile

Jérémie Mion

Skipper havrais qualifié pour les JO de Tokyo

Ce report était la bonne décision

Licencié à la Société des Régates du Havre, Jérémie Mion devait participer aux JO de Tokyo cet été dans la catégorie 470 avec son coéquipier rochelais Kevin Péponnet. Une échéance repoussée d’un an à cause de la crise sanitaire.

Publié le

Pour un sportif de haut niveau tel que vous, avec les JO à préparer, comment s’est déroulé le confinement ?

J’en suis ressorti en bonne forme physique et morale, même si la nature et les relations humaines m’ont beaucoup manqué ! Notre préparateur physique m’envoyait des séances tous les jours, ce qui m’a montré qu’on peut faire beaucoup de choses même dans un appartement ! Surtout qu’au début on pensait encore que les JO allaient se tenir cet été, donc il fallait être sur le qui-vive pour rester en forme, être prêt dès le déconfinement. Au fur et à mesure que le temps passait, on se disait que tout cela n’était pas très égal par rapport à d’autres pays ! Puis ce fut le soulagement quand le report des Jeux a été décidé.

Vous avez pu reprendre la mer dès la fin de ce confinement ?

Non, nous avions décidé de ne pas reprendre la mer aussitôt, puisqu’après deux mois enfermés, il fallait déjà retrouver le contact avec le milieu extérieur. Et, avec le report des JO, nous avions davantage le temps de nous réhabituer. Heureusement, car il nous a fallu attendre début juin pour obtenir l’autorisation de naviguer en double. Quand on a pu remettre le pied sur le bateau, cela nous a fait vraiment très plaisir ! Même s’il y avait une petite appréhension, comme je pense toute personne qui a dû reprendre le boulot après deux mois de confinement.

Vous pensez que ce report a été la bonne décision ?

Oui, puisque les conditions n’étaient pas les mêmes pour tout le monde, par exemple les Chinois pouvaient continuer à s’entraîner. De plus, le confinement n’était pas arrivé à la même date chez les uns ou les autres. Mais avec ce qu’il s’est passé, le sport était bien naturellement au second plan. Maintenant, cela nous laisse un an de plus pour travailler, c’est d’ailleurs la même chose pour tous les concurrents ! Nous devrons trouver la bonne manière pour nous préparer au mieux. L’autre problématique est par rapport aux JO de 2024, puisque nous allons devoir enchaîner presque aussitôt, il n’y aura pas cette pause qui habituellement fait du bien.

Ce report a dû tout de même être frustrant ?

Oui, notamment pour mon coéquipier Kevin Péponnet qui vivra ses premiers Jeux. On espère que ce sera bien en place pour l’été prochain, même si on a eu vent que ce serait moins grandiose que ce qui était prévu, pas sur le plan sportif mais pour les à-côtés, parce que l’organisation a subi elle aussi un contrecoup financier. Mais finalement ce seront des Jeux historiques avec ce report inédit ! Ce qui est dommage est que nous les avions en ligne de mire, nous étions prêts, et là il faut reconstruire.

Le fait de repousser ces Jeux remet aussi en question votre vie personnelle et vos projets durant un an. Cette année de « pause » va être remplacée par la préparation des JO 2021, puis vous enchaînerez sur celle des JO 2024.

Mon contrat à l’armée des Champions où je suis militaire dans la marine se termine en mai 2021, j’espère qu’il sera renouvelé. Généralement, l’année après les Jeux permet de faire un point sur sa vie personnelle, de reprendre une année d’études si besoin, ou d’aller éventuellement pour moi travailler sur des bateaux, mais faire autre chose que l’olympisme pour un peu ancrer la suite de notre vie.

Cette crise sanitaire s’accompagne d’une crise économique qui pourrait remettre en question certains soutiens financiers, notamment envers les sportifs.

Les sponsors, et même la Fédération de Voile, accusent le coup, on sait déjà que certains pourront désormais moins nous aider. Néanmoins, quelques uns nous approchent, et c’est aussi le moment pour nous de nous recentrer sur cet aspect, cela nous ajoute une petite mission, car l’année supplémentaire ne sera pas négligeable en termes de moyens.

Vous, qui êtes ambassadeur sportif de haut niveau pour Le Havre Seine Métropole, avez durant cette crise sanitaire toujours gardé le contact avec les Havrais.

Exactement, j’ai d’ailleurs réalisé plusieurs vidéos durant le confinement à destination du Havre et de la Région. Cela m’a bien occupé et m’a permis de partager mon quotidien, mes sentiments, mon entraînement… Et mon premier voyage d’après-confinement a été pour Le Havre. Ici, je me sens vraiment soutenu et à la maison !


Propos recueillis par Olivia Detivelle
Cet article a initialement été publié dans le magazine LH Océanes – 1er-15 septembre 2020.